à nos actes manqués. // isleo

À NOS ACTES MANQUÉS.
ft. @leo byrd.

mercredi vingt-huit novembre.
t'as envoyé valsé l'cours de droit civil, t'as envoyé valsé les feuilles d'papier, qu't'as balancé négligemment au fond de ton eastpack vert sapin, un soupir au bord des lèvres. mercredi. c'est son jour. c'est l'jour de l'interdit, l'jour où tu sais pertinemment qu'tu devrais pas quitter manhattan, pas traverser c'foutu pont qui t'mènera à brooklyn, qui t'mènera à c'lieu d'silence, entre couvertures poussiéreuses et pages manuscrites. t'as les yeux qui s'perdent dans l'univers, t'essaies d'te convaincre que c'est pas une bonne idée, tout ça, isley. qu'tu seras peut-être déçu, au bout du compte.

mais.. quatre mois.
quatre mois, c'est si long.
quatre mois, cent vingt-et-un jours.

c'est trop long pour attendre, encore. c'est trop long. parc'que dans l'fond, on sait pas d'quoi demain sera fait, on sait pas c'que l'destin nous réserve. tout est question d'courage, d'braver les interdits qu'on nous fixe pour s'sentir vivant. alors, tu finis par t'laisser mener par ta pulsion, par c't'envie de découvrir, d'savoir qui se cache, derrière ce B. l'B qui a trop d'importance dans ton existence morose.

l'B qu't'as envie d'connaître, sur qui t'as envie d'mettre un nom, un visage, un sourire. d'changer ta vie, d'forcer l'destin.

alors, t'as traversé l'pont. t'as écouté ton myocarde, enivré par c'besoin de découverte. c'besoin d'te sentir vivant. la grosse pomme qui n't'a jamais semblée aussi grande, tu sentirais presque tes genoux trembler pour venir s'entrechoquer sous l'poids du stress qui t'envahit malgré toi, malgré l'assurance qu'tu tentes de t'inventer. tu t'mords la lèvre inférieure, à trop d'reprises, tu sens tes muscles lâcher prise. foutue angoisse. foutue existence. foutue maladie.

tes pas saccadés sur les trottoirs d'brooklyn, tes pas décidés à rejoindre cette bibliothèque miteuse en espérant qu'il n'soit pas déjà parti. qui qu'il soit. quel qu'il soit.

la porte trop lourde.
l'gamin qui passe pas inaperçu.

et déjà tes iris à la recherche de la cible, à la recherche d'un éventuel B. ton palpitant qui s'accélère, qui menace d'exploser à chaque seconde, tandis qu't'as presque la sensation de t'aventurer en terre inconnue. ça tambourine, ça s'affole au plus profond d'toi-même quand enfin t'atteint ce rayon, cet étalage et...

merde, merde, merde.
parc'qu'au moment même où tu t'y attendais l'moins,
l'karma te cloue une sale tarte dans la gueule.
il t'dégueule sa haine au visage.
il t'jette dans la tanière aux lions.
démerde toi, danvers.
c'était toi.
leo, l'maître des maux enfouis.
les maux silencieux, ceux que l'on terre, loin.
au fond d'soi.

à nos actes manqués // ft. @isley danvers

novembre 2018. aujourd’hui est ton jour. celui que tu attends désormais avec une impatience dénuée d’appréhension. D. tu aimes que les choses soient si simples entre vous. cette correspondance douce et positive. ces notes échangées secrètement au sein d’un livre. quatre mois. tu peux ressentir le changement. tous les bienfaits. t’es un peu moins amer. plus enclin à discuter avec rhea et à rigoler aux piques de nova. avery, elle, elle a bien remarqué ton sourire. celui qui avait fuit ces derniers temps. que t’arrivais à peine à esquisser. toi, leo, pourtant toujours si joyeux et téméraire. D et ses mots qui te font l’effet relaxant d’un antidépresseur. c’est arrivé. de temps à autres. que tu te perdes à imaginer le visage qui se cache derrière l’écriture majestueuse que tu retrouves chaque semaine. la curiosité poussée jusque dans ses limites. l’attrait de l’inconnu. t’y as songé, une fois. à te pointer un de ces jours à lui. juste pour voir. mais, leo, c’est toi qui l’as demandée, cette règle impériale d’anonymat. alors, tu as retranché l’idée dans un coin de ta tête. leo le gentil garçon qui respecte les normes, coûte que coûte. ta curiosité a fini par s’évaporer presque entièrement. t’es pas prêt, leo. à perdre la magie de cet échange plein de mystères. la facilité que tu as pour communiquer. pour partager tes doutes les plus sombres et tes joies les plus lumineuses. sans peur. sans honte. D. tu ne le remercieras jamais assez pour cette force qu’il t’a offert. pour tout ces moments paisibles à lire ses quelques phrases. à te redonner du courage et de l’espoir.

t’es plongé dans ses derniers mots. le coeur au bord des lèvres. D qui a prit bien trop d’importance à tes yeux. à qui tu ne peux cesser de penser. avide de lire ses récits, comme si tu ne pouvais te nourrir que d’eux. toi, t’es amoureux. c’était il y a deux semaines. elle a toujours eu ce chic, avery, pour lire sur ton visage comme dans un livre ouvert. toi, t’as pas su quoi lui répondre. ça t’as un peu désorienté. fait beaucoup cogiter. peut-on vraiment être amoureux d’un inconnu ? D est-il réellement un inconnu pour toi ? est-il possible de s’attacher si intensément à quelqu’un de l’on a jamais rencontré ? toute une myriade de questions devenues soudainement existentielles. une infinité d’interrogations auxquelles tu désires ardemment trouver une réponse.

aujourd’hui est ton jour. celui où tu laisses s’évader ton coeur pour oser. oser lui demander. à D qui semble presque toujours avoir les solutions. les mots pour exprimer pleinement ce qu’il pense. D et son opinion qu’il porte fièrement, tel un étendard de bravoure qui flotte dans le vent.

et alors que tu te mets à transcrire sur le papier toutes ces questions qui t’empêchent de songer à autre chose, il y a cette voix. ce ton un peu abrupte que tu connais tant. que tu détestes tant. encore plus à l’instant même lorsqu’il vient percer ta bulle. te sortir de ce moment qui n’est censé appartenir qu’à toi. à toi et à D. c’était toi. tu comprends pas leo, c’est inscrit sur les traits de ton visage tandis que tes yeux se noircissent de colère. il a pas le droit d’être là. isley et ses paroles aussi tranchantes que des lames de rasoir. « moi ? » tu fronces les sourcils prêt à attaquer. à cracher ce venin qui semble se réveiller uniquement en sa présence. puis, y’a la réalisation soudaine qui vient te heurter. tu restes pantois. surpris. D pour danvers comme tu signais B pour byrd. ça te saute aux yeux à présent. « pourquoi il faut toujours que tu viennes tout gâcher. » affirmation plus qu’interrogation. « comme si toi et ta famille n’aviez pas déjà fait assez de mal comme ça. »

À NOS ACTES MANQUÉS.
ft. @leo byrd.

tu n'sais pas vraiment c'qui t'a poussé à concrètement bousculer les codes, à n'rien respecter, encore. faut croire qu't'es comme ça, qu'ça fait partie d'toi. isley danvers, l'gamin au tempérament d'feu. isley, l'gamin qu'seule la maladie arrive à freiner. B. t'as envie d'le connaitre, d'savoir qui il est, d'le voir changer ton univers. B, ses mots, la douceur de sa plume aux courbes encore adolescentes qui s'évanouit sur le papier, couchée là, à te tendre les bras. t'as envie d'savoir, d'le voir, d'lui sourire, d'sentir sa douceur, au creux d'tes bras. t'as hésité, il y a eu c'temps de réflexion certain, celui où t'as pas voulu prendre conscience qu'foncer dans l'tas pouvait valoir à probablement perdre B, le voir se volatiliser aussi rapidement qu'il est apparu.

parc'que B t'semble ainsi.
frêle, libre, indomptable. esprit libre.
tel un oiseau.

maman qui a fini par s'interroger. j'croyais qu't'aimais pas brooklyn ? t'as haussé les épaules en ricanant et balançant qu'seuls les cons n'changent pas d'avis. quatre mois, isley, qu'chaque mardi, chaque jeudi, tu traverses tout new york, quatre mois qu't'imagines B. blond, brun, peut-être roux. noir, blanc, qu'importe. tu l'imagines, sous toutes ses coutures, tous ses traits.

c'est p't'être mal, isley, d'te faufiler, d'pousser cette porte trop lourde pour ton corps en constante faiblesse pour bousculer l'sort, changer l'cours de votre histoire, sûrement à jamais. tu t'es dit qu'ça s'passerait bien, isley, tu t'es dit qu'ça irait, parc'que ça n'peut pas s'passer autrement.

pis y'a l'choc. ton palpitant qui s'affole, qui s'perd.
y'a l'incompréhension, c'te sensation d't'être fait berner.

il y a leo et son regard réprobateur, son regard qui s'teinte d'une noirceur certaine, quand tes poings s'serrent, isley, l'feu d'la rage qui monte en toi, d'une rage enfouie, d'un désir enfoui. merde. ça peut pas être lui, c'est pas possible. t'essaies d'espérer, d'te dire qu'il s'est planté. mais il y a ses mots, ceux qui piquent si forts, qui viennent s'terrer en toi, comme un venin trop coriace pour y résister. oui, c'est toi, B. et ça t'effraie d'mettre des mots dessus, parc'que dans l'fond, tu t'rends compte qu'tu voulais pas vraiment savoir. j'ai fait qu'répondre à des bouts de papier, j'te signale. j'savais pas qu'c'était toi. mais p't'être bien qu'tu lui aurais écrit, quand même, si tu l'avais su. parc'qu'il y a toujours eu c'truc incompréhensible, perdu entre vous, c'truc contre lequel t'as lutté, qui s'est effacé avec la distance, pour mieux réapparaitre en cet instant. ma famille a rien fait. qu'tu défends.

parc'que tout ça n'est qu'tissu d'mensonge.
tu l'sais. t'en es sûr.
j'aurai jamais dû t'répondre.
tu craches ça, comme un dégoût.
l'mépris que papa t'a enseigné, inculqué.
l'mépris à la danvers quand ton myocarde te hurle d'le retenir.
de n'pas le laisser prendre son envol.

» les hauts de hurlevent // isleo.