a study in survival

dovydas vasilyev
Being him was a complicated thing, a wonder of muscles and organs,
synapses and nerves. He was a miracle of moving parts, a study in survival.
© maggie stiefvater/trc

never trust or love a wild thing.

âge ~ trente ans d'une vie ratée, de temps perdu. date et lieu de naissance ~ dans la grande moscow, à l'aube de l'hiver 1988. . nationalité ~ enfant du froid, entre la verte lithuanie d'une mère malheureuse et la furieuse russie d'un père violent. métier ~ sans papier, il vend son corps, dovy, au plus offrant, pour survivre il vend cette peau qui le dégoûte. pour apaiser ses maux, pour sauver son âme, il fait du volontariat dans un centre de son quartier, il aide comme il peut ces gosses qui aiment un autre que la société n'accepte pas. statut civil ~ éternelle solitude. statut monétaire ~ régime café noir et cigarettes. groupe ~ really don't care.

all night long slow down the song

Survivre. Le froid mordant, les coups du père, la colère. Survivre, dans une Bratva en furie, qui ne parle que le sang et la rage. Survivre malgré ses différences, se garder d'aimer pour ne pas en mourir. Survivre. Un jour après l'autre, l'arme au poing, le poing qui tremble. Apprendre à vivre, à grandir, à devenir un homme, à supporter la déception dans le regard de la mère. Se transformer en monstre de violence, frapper plus fort, en silence, derrière des airs de cruautés. Baiser des femmes sans envie, retrouver des hommes loin du vacarme et dans l'ombre. Survivre.

Il cogne. Le sac vibre sous ses coups, répétitifs, encore et encore, la nuit est bien avancée mais il continue de frapper. Il a besoin d'évacuer cette rage, ce feu, qui brûle sans cesse en dedans et dont il n'a jamais su, jamais voulu, se défaire. Il l'entretien, ce bouillonnement, c'est ce qui le rend vivant, cette haine à fleur de peau.

« Ponyatiya. Une parodie de code d'honneur. Un mensonge qu'on se raconte derrière les barreaux pour prétendre qu'on est encore des hommes. » La vérité est terrible, elle brise les os, ravage les espoirs, la connerie de s'éprendre d'un autre prisonnier aussi, elle casse des mains, abat les dernières résistances. Dovydas n'est qu'à moitié en vie, à moitié mort, presque rien, presque inerte sur son lit d'infirmerie. Il débite des injures, des menaces, c'est ridicule, dans son état, mais il sait qu'ils l'ont tué, Mikhail, il sait qu'ils vont le tuer aussi, il n'y a pas de code d'honneur qui tienne quand on fait l'erreur d'aimer le même sexe.

Les poings s'abattent sur le cuir avec régularité, entraînés dans un rythme qu'il connait depuis son adolescence, du temps où il s'entraînait dans une autre salle de sport, de l'autre côté de l'océan, de l'autre côté du monde, presque dans une autre vie.

Il n'y a que les ténèbres et la chaleur étouffante, le bruit des vagues qui frappent contre le cargo et son coeur au bord des lèvres à chaque mouvement de la houle. Ça fait dix heures, peut-être vingt, il a perdu la notion du temps, du jour, de la nuit. Il sue et il peine à respirer, combien de temps avant que le navire s'arrête, combien de temps encore avant que son corps et celui de ses compagnons d'infortunes cessent de se battre contre l'interminable traversée.

Il sent ses phalanges craquer sous la force du dernier coup. Il fait deux pas en arrière, retire le gant en grimaçant avant de le jeter vers son sac quelques mètres plus loin. Il regarde sa main abîmée par les bagarres, par ses os qu'il a brisé. Il plie et déplie ses doigts, s'assurant de leur bon fonctionnement. Un vieil air de Johnny Cash le tire de sa contemplation morbide et il récupère son téléphone dans sa poche arrière. Un client. Un de ses premiers réguliers, habitué depuis presque deux ans. Il confirme l'heure, 23h30, ce qui lui laisse tout juste le temps de se laver et de rejoindre l'hôtel témoin coutumier de leurs ébats, d'où il s'éclipse toujours bien avant l'aube, il ne dort jamais avec ses clients, il ne les embrasse pas non plus, ce sont ses seules règles, les seules inébranlables, il a bien d'autres manières de les satisfaire. Il éteint la lumière en sortant, se plongeant dans ces ténèbres qui n'existent jamais vraiment dans l'infatigable New-York.

cause we're ready for the fame.

Spoiler: