-- remember us and these loud noises.

La tasse est brûlante, Sanaa souffle doucement sur le liquide verdâtre. Elle croise la jambe, la décroise et fait de même avec l’autre - nerveuse? Totalement. Elle gigote sur sa chaise, à la manière de son fils qu’elle réprimande calmement quand il agit de la sorte. Elle observe ses ongles vernis de transparent, se frotte les mains et revient les poser sur l’objet en porcelaine et le porte à ses lèvres. La buée l’aveugle, elle la chasse d’un revers de main. Voilà près d’un mois qu’elle a quitté Toronto pour venir se ré-installer dans la ville qui l’a vu naître. La ville dans laquelle la plupart de ses premières fois ont eu lieu et qui regorge de souvenirs tous plus forts les uns que les autres. La réadaptation se fait doucement mais sûrement, à l’hôpital comme à la ville. Elle observe le tic tac de l’horloge suspendue au dessus de la caisse du Starbucks et se lève. Elle laisse sa boisson chaude, attrape son sac à main, adresse un sourire à la personne qui l’a servie et pousse la porte de l’enseigne pour rejoindre le trottoir. Elle traverse la rue sans vraiment faire attention, à la new-yorkaise, et prend la direction du campus de l’université. Elle extirpe une enveloppe de son mini bagage - la raison de sa venue, qu’elle tient fermement. Elle marche d’un pas assuré comme elle a l’habitude de le faire, mais elle est rongée par l’angoisse, par l’appréhension. Elle peine à réaliser qu’elle s’apprête à faire face à son ex-mari, à son premier amour, son amour de jeunesse à cause d’un simple mal entendu. Elle marche au milieu de la foule d’étudiants, traverse la grande cour et rentre dans le bâtiment de droit, le bâtiment qu’on lui indique lorsqu’elle demande son chemin. Elle enjambe qui conduise au premier étage, elle constate que l’amphithéâtre se vide. Elle hésite à y pénétrer, s’y retrouve sans trop savoir comment. Elle inspire, se répète mentalement ce qu’elle a prévu de faire. Le saluer, lui tendre le courrier, partir. Elle a seulement oublié que les sentiments viendraient s’en mêler, elle n’a pas prévu qu’elle risquerait de rester plantée juste devant la porte de la salle. Elle n’avait pas prévu qu’elle serait presque prise de panique quand elle l’apercevrait, au tableau, en pleine discussion avec un jeune homme. Elle devine ses traits de là où elle est, elle croise les bras et enfin, elle avance, sans trop oser s’imposer. Peut-être devrait-elle simplement déposer le courrier, et s’en aller incognito - à quoi bon lui adresser la parole? La décision ne lui appartient au final pas, elle est interpellée, sortie de ses pensées avant d’avoir pu délibérer.

@adonis montgomery