l'asthme quand tu te vois (aglaé)

aglaé gelbeno
mais tu sais moi je mords, tes rêves imaginaires
tumblr© thérapietaxi/hitsale

never trust or love a wild thing.

âge ~ tu as seize ans, bientôt dix-sept mais l'âge que tu vas avoir ne te préoccupe pas tant que ça. date et lieu de naissance ~ le onze janvier 2002, tu es née par accident à new york. ce n'était pas prévu, et tu le sais puisque ta mère te le fait bien remarquer. nationalité ~ américaine, même si tu rêves parfois en regardant des films en streaming d'être l'une de ses filles françaises. métier ~ tu es étudiante, rien qu'une p'tite lycéenne dans le tas. statut civil ~ qui voudrait d'un morceau d'os comme toi, aglaé ? Tu es beaucoup trop fragile physiquement pour connaître ne serait-ce le désir d'être regardé, alors tu es taguée au célibat. statut monétaire ~ pitoyable, la situation financière dans laquelle ta famille et toi êtes, dépasse le rouge et ne verra sûrement jamais la couleur naturelle de l'argent. groupe ~ écrire ici.

all night long slow down the song

001. il faut qu'on discute de comment tu es venue au monde, aglaé. avant même d'être sortie d'un utérus, il a bien fallu te procréer. et contrairement à tes camarades de classe, tu n'es pas tombée sur de très bons parents. mère prostituée, et père vagabondant dans l'alcoolisme et la cigarette. on peut dire que t'as pas franchement été gâtée. et c'est ce qui te vaudra dans tes moments mélancoliques où tu aimes t'allonger sur le toit de ton sale immeuble à regarder l'ciel, une hésitation sur tes origines. tu te demandes parfois sans trop te prendre au sérieux, si l'homme qui ronfle dans l'canapé d'la pièce est bien ton père. 002. si tu te poses autant de questions sur ta famille, c'est parce que tu ne t'y sens pas bien. à vrai dire, ils sont un peu la justification de tes problèmes de santé, aglaé. la fumée de la nicotine t'est entrée précocement dans les poumons. c'est ce qui te vaut aujourd'hui un asthme sévère qui t’interdit presque de faire le moindre effort. merci papa, que tu murmures parfois en pleurant de tes malheurs. quant à la catin qui se pavane souvent en décolleté le soir dans les quartiers craignosses, elle ne t'a jamais considéré comme sa fille. elle te décrivait plus comme un boulet qui s'est attaché à sa cheville, et qui a l'air de l'empêcher de vivre pleinement sa vie. elle a l'impression que tu la vieillis, quand tu la regardes. et ça te fait de la peine, mais encore une fois tu prends sur toi, aglaé. 003. tu t'es un peu élevée toute seule. la vérité c'est que tes parents étaient beaucoup trop immatures pour s'occuper ne serait-ce une seconde de changer ta couche. alors durant tes premiers mois, les services sociaux se sont occupés de ta bouille d'ange le temps que tu grandisses un peu. malheureusement, les gelbero ont très vites compris que s'il était possible de te récupérer, qu'ils se feraient quelques billets grâce aux charges offerts pour les plus pauvres. là, aglaé. tu étais leur intérêt. 004. t'as jamais vraiment eu d'amis. on te jugeait souvent sur la profession qu'endossait ta mère, on disait même que t'allais finir comme elle. la catin du quartier, la prochaine. une héritière de la luxure. quel titre, pas vrai ? t'as subi un peu d'harcèlement dans tes débuts au collège. mais ça s'est fini par rapidement s'estomper quand ils ont compris que tu savais rester nonchalante et stoïque derrière ta carapace mystérieuse d'une fille qui ne ressentait rien. alors, t'as fini par leur laisser entendre raison : t'es qu'une ado muette à cause de son malheur. triste vie, triste vie. 005. tes vêtements sont crades, t'essaies d'arranger ton apparence du mieux que tu peux. t'as coupé tes cheveux toi-même au carré, et on a commencé à te faire des compliments. « t'es mignonne, aglaé ». t'es mignonne et tu le sais, mais il y aura toujours un mais à tout ça. tu n'attires pas les mecs ; ils préfèrent tous la pimbêche audacieuse qui se cure le nez d'un doigt verni. ça ne te fait rien. quoiqu'il faut croire que tu commences à vouloir connaître le goût de folie, de l'amour, de tout ce qui t'entoures. parce que tu étouffes chez toi, aglaé. tu étouffes beaucoup. 006. ton premier rêve c'était d'être toi-même, de découvrir qui tu étais vraiment. mais après réflexion t'es passée au fait de vouloir fuguer. mais avec qui et quand ? ça tu ne sais pas. tu as peur de ne pas faire le bon choix, mais de toute façon quoiqu'il arrive on sait déjà que tu ne peux pas tomber plus bas d'où est-ce que tu es déjà. 007. l'air est comprimé par ton père quand l'autre n'est pas là pour jalouser ta jeunesse. c'est un homme qui glande sur le canapé entouré de bières qu'on peut confondre parfois avec des femmes qu'il ramène en cachette quand ta mère a le dos tourné. il sait que t'es malheureuse avec eux. mais il ne dit rien, il reste neutre face à ton image. tu pourrais même dire qu'il s'en fiche mais tu n'oses à peine connaître la réponse à cette question par peur de te briser à tout jamais. et ce que tu oublies de préciser à chaque fois, c'est qu'il peut se montrer violent avec toi. parfois, il aime te colorer la peau quand son ivresse frappe ses neurones. 008. tu vis dans un p'tit appartement avec eux, vraiment très petit. il pue l'alcool, la cigarette et le sexe. t'es pas à l'aise là dedans, c'est pour ça que tu essaies de te faire une petite place chez d'autres. à commencer par te faire inviter aux fêtes où ton nom n'était même pas inscrite, tu sais te fondre dans le décor et dormir silencieusement dans la chambre d'ami.

cause we're ready for the fame.

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