forgive and forget (marlon)

Times Square. L’endroit idéal pour des plans colorés, rapides, structurés. Bon j’étais loin d’être originale mais le thème de notre vidéo était « le mouvement », et rien ne m’inspirait plus que cet endroit pour cette thématique. Et puis, j’étais certaine que j’arriverais à trouver quelque chose d’intéressant à filmer. Observant les horizons, les gens marchant à toute allure, ma caméra dériva malgré moi vers un jeune homme un peu plus loin, immobile et semblant occupé sur son téléphone. Sans réellement savoir pourquoi, je ne bougeais plus ma caméra. Je réalisais au bout de quelques minutes que c’était indiscret, impoli, et que ça n’avait rien à avoir avec le thème de mon devoir. Mais j’avais réalisé ça trop tard. Il m’avait aperçue, la caméra braquée sur lui et il semblait marcher vers moi. J’éteignais ma caméra en vitesse, honteuse et cherchant quoi dire ou quoi faire. Fuir ? Ou assumer ma bêtise ? Merde alors Circé, qu'est ce que t'as foutu ?

Aujourd’hui tu as du temps pour toi, tu décides d’allez te balader à Times Square. Un endroit où tu te rends trop rarement. Un endroit où tu sais que tu vas pouvoir faire les magasins et dévaliser certaines boutiques en particulier. Tu attends un appel d’un ami qui doit te rejoindre. Il doit t’appeler pour te donner un endroit stratégique où vous retrouvez, seulement, tu reçois à la place un texto où il t’annonce que finalement il a un contre temps et ne viendra pas. T’es déçu, tu n’avais pas envie d’aller te balader tout seul, ce n’est pas ton truc de faire les boutiques en solo. Tu lèves alors les yeux et aperçois une jeune femme en train de te filmer. Tu te diriges ni une, ni deux vers elle. « Vous savez ce que c’est le droit à l’image ? Vous me filmez pour quoi ? » Surement parce que t’es trop beau et qu’elle fantasme déjà sur toi, mais ça, elle ne te l’avouera surement jamais.

J’étais sans doute rouge telle une tomate et impossible de me calmer. Quelle connerie allais-je pouvoir inventer ? De plus, je n’avais aucune envie de flatter l’ego de ce type que je ne connaissais même pas. Voilà qu’il se trouvait devant moi, demandant des explications et me parlant du droit à l’image. J’osais quand même le regarder dans les yeux. « Non je… » Je poussais un soupir. « Je filmais le bâtiment derrière vous. Et vous étiez en plein milieu, c’est tout… » L’excuse à peine crédible. Rattrape toi, Circé, rattrape toi. « Bon je dois bien admettre que j’aurais pu zoomer pour que vous soyez hors champ mais… Vous rendez plutôt bien à l’image. » La flatterie, finalement, ça marcherait peut-être. « Désolée… » Finissais-je par dire en haussant les épaules.

La jeune femme qui te filmait, est là, à bégayer. Elle tente de s’en tirer en te donnant des raisons complètement ridicules. « Pourquoi filmer un immeuble ? » C’est vrai ça, qui aime filmer des immeubles sincèrement ! Tu te retournes alors pour voir l’immeuble qui se trouvait derrière toi. Il n’a rien de grandiose, ni même de différent que les autres. Tu te dis alors que cette raison est complètement bidon, jusqu’à ce qu’elle avoue que finalement tu rendais plutôt bien à l’image. « Dites moi, vous filmez pour quoi ? » Est-ce qu’elle est en étude pour devenir cameraman, est-ce qu’elle est journaliste, tu ne sais pas, mais tu as bien envie de savoir pourquoi tu te retrouves à être filmer par cette jeune femme, qui au passage, est plutôt mignonne, même si tu dois avouer, qu’elle est certainement beaucoup plus jeune que toi.

Je perdais tous mes moyens et il n’en démordait pas. Comme si cela lui plaisait, de me rendre mal à l’aise. Quoique, à sa place, j’aurais aimé avoir des explications. Pourquoi filmer un immeuble ? Il y avait tout un tas de raison, mais j’étais tellement mal en point que je n’arrivais même plus à réfléchir. « Euh… » Et voila qu’il se retournait pour observer l’immeuble, qui, soyons franc, ne se démarquait en rien des autres bâtisses. « Je suis étudiante en cinéma. Alors on doit filmer tout un tas de trucs. » Finissais-je finalement par avouer. « Et… Vous m’avez déconcentrée. Voilà, c’est dit ! » Je commençais alors à remballer mon matériel, plus capable de le regarder après avoir révélé, dans un sous entendu, que je le trouvais plutôt charmant.

Tu regardes l’immeuble. Tu la regarde elle. Tu regardes la caméra. Tu regarde de nouveau l’immeuble. Tu te retournes pour la regarder de nouveau et tu l’observes ranger sa caméra. « Je comprends que vous vouliez me filmer, je suis beau gosse et super photogénique, ça se comprends ! » Tu te mets à rigoler. Tu sais que tu l’as met mal à l’aise, mais toi, ça te fait rire. Tu aimes voir les gens complètement perdue face à ton attitude de macho. Tu sais que tu es beau et que tu attires le regard des femmes, alors pourquoi leur privé de ta beauté ? « Venez, je vais vous emmener dans un endroit qui vaut vraiment le coup d’être filmer ! » Tu la laisses tranquillement ranger sa caméra et ni une ni deux, tu lui prends le bras et l’embarque dans ta course folle pour qu’elle puisse vraiment filmer quelque chose d’intéressant. Tu te diriges vers un taxi, vous montez tout les deux dans celui-ci. Tu donnes l’indication au chauffeur et c’est parti. « Je vais vous montrer un aspect de Central Park que vous n’avez jamais vu ! » Tu ne la connais pas. Elle ne te connait ni d’Adam, ni d’Eve. Mais tu n’as pas envie de passer cette journée tout seul. Tu as envie de bouger. Et puis, elle n’est pas apparue sur ton chemin pour rien.

Il me mettait carrément mal à l’aise et j’avais l’impression qu’il faisait exprès. Que cette situation le faisait beaucoup rire intérieurement. Au moins il avait de l’humour. Si il se prenait vraiment au sérieux, il n’aurait pas pris la situation de façon aussi détendue. « Si vous le dites ! » Lançais-je d’un air malicieux en haussant les sourcils. Je reprenais un peu confiance en moi. Il disait vouloir m’emmener dans un endroit qui vaudrait le coup d’être filmé. « Euh, d’accord ! » Je n’avais pas le choix de toute façon, il m’avait attrapé le bras et nous étions dans un taxi à peine quelques minutes plus tard. Central Park ? Pas mal. Endroit calme, paisible, joli à n’importe quelle saison en plus de ça. « Je m’appelle Circé au fait. » Peut-être qu’il était temps de faire les présentations non ? Le taxi ne tarda pas trop et nous fumes rapidement arrivés à destination. « C’est parti, éblouissez moi. » Je lui fis un sourire.